Après 48 heures en train, la notion d’un monde extérieur m’échappe complètement.
L’arrêt du train me réveille. Presque automatiquement, je mets une chemise et je sors dehors prendre de l’air. À ma grande surprise, il fait noir et je suis seul sur le quai avec un des Chinois qui s’occupe de notre wagon qui fume une cigarette et flâne sur son téléphone. Désorienté, je regarde l’horloge du quai pour comprendre qu’il n’est que minuit (heure de Moscou). Je souhaite bonne nuit au Chinois qui profite encore de sa cigarette et je m’endors comme le train quitte Mariinsk.

Comme ceci, sauf dans le noir.
Mon second réveil se passe mieux. Je partage mon déjeuner avec le Britannique de la cabine adjacente, qui l’a pour lui tout seul (le chanceux). On remarque que la nature commence à changer. Les villages aussi. On voit maintenant plusieurs maisons avec des toits métalliques argentés dotés de petits jardins. Curieusement, on ne voit jamais de gens. Ils travaillent tous? Où?
Je retourne à ma cabine et un de mes cochambreurs me fait remarquer que la salle de bain est en piètre état. Il a raison. Après 3 jours, les planchers sont sales et il y a des cheveux partout. Ça ne me préoccupe pas trop. Je me dis qu’elle sera surement nettoyée sous peu de toute façon. Ça pourrait être pire.

La salle de bain quand elle est propre.
Plus tard, en regardant hors de la fenêtre, je remarque deux travailleurs. Je les salue. Un me retourne mon salut. L’autre me donne le doigt. Ça doit surement vouloir dire la même chose ici. Bienvenu en Russie.
Au couché du soleil, la troisième journée de mon voyage de six jours est presque terminée. Avec ce constat, je commence à penser que je vais bientôt devoir dire au revoir à mes compagnons de voyage. Ça fait étrange. Sur le train, puisque le temps n’a pas la même importance que dans le monde extérieur, c’est facile à imaginer qu’on puisse y échapper. Le voyage à moitié fait, je me rends compte de mon erreur.
Je profite de notre temps ensemble en allant souper dans la voiture restaurant avec le couple finnois. Ils se commandent une grosse assiette de poulet qu’ils n’ont pas pu terminer. Pour moi, un bon bol de bortsch qui a pris environ 3 heures à préparer puisque la pauvre Irenia n’arrivait pas à faire bouillir de l’eau due au mouvement du train.
La nuit était calme avec un quart de lune orange à l’horizon. On commence à penser à croiser la frontière russo-mongolienne. La responsabilité d’avoir quelque chose à faire nous stresse, même si ce n’est que montrer nos passeports aux douaniers. Après tout, ça fait 3 jours qu’on ne fait que se faire bercer par le train et se perdre dans les paysages. Avant de m’endormir, je rêvasse à la vie qui m’attend après ce voyage et je repense à un passage d’un livre (L’enfant perdu) que je viens de terminer:
Ne commettez jamais mon erreur. N’acceptez pas un travail s’il ne vous plaît pas, même lorsque vous pensez qu’il est provisoire, qu’il n’est juste “pour un mois ou deux”. Je suis tombé dans un piège dont je ne peux, jusqu’à présent, me dégager.
Je ne sais pas ce qui m’attend lorsque ce train m’amènera à ma destination, mais je me sens capable (et responsable) de dessiner mon avenir.
Bonsoir Simon, Tu écris vraiment bien, agréable à lire. En plus, bonne introspection. 👍 Mum & Dad
On Sep 12, 2016 5:58 PM, “Have Diploma, Will Travel” wrote:
> Simon posted: ” Après 48 heures en train, la notion d’un monde extérieur > m’échappe complètement. L’arrêt du train me réveille. Presque > automatiquement, je mets une chemise et je sors dehors prendre de l’air. À > ma grande surprise, il fait noir et je suis seul sur” >